Dans la Lune

Rêver quand même

Il vaut mieux

Cher Monsieur

Devenir un peu sérieux

Car grand dieu

On ne peut pas

Changer le monde avec des mots

Des livres et des journaux

Je veux rêver quand même

Il suffit

Cher ami

De cesser ces idioties

Car ici

On ne peut pas

Changer le monde avec des toiles

Des couleurs qu’on étale

Je veux rêver quand même

Il est bon

Cher garçon

De vous faire une raison

Car au fond

On ne peut pas

Changer le monde avec des sons

Des notes et des chansons

Je veux rêver quand même

Il y a des livres

Qui délivrent

Il y a des toiles qui dévoilent

A quoi ça rime

D’écrire des chansons

Pourquoi faut-il se donner des raisons

Je veux rêver quand même

Quand arrivent les soucoupes

Avant on était rien

Tout juste des terriens

Pour des petits bouts de rien

On se mordait comme des chiens

Maintenant que les martiens

Viennent voir ce qu’on devient

Pour mieux nouer les liens

Devenons des gens biens

On se fout des sous que ça coûte

Quand arrivent les soucoupes

Le coiffeur gagne sa coupe

Quand arrivent les soucoupes

C’est la chanson

Des martiens

La chanson qui nous rend

Plus humains

Avant c’était l’enfer

Tout allait de travers

Pour faire la paix naguère

On se faisait la guerre

Maintenant que les hommes verts

Viennent voir notre univers

Pour être moins terre à terre

Devenons les gens de l’air

Y’ a plus de cheveux dans la soupe

Quand arrivent les soucoupes

On boit la tasse sans soucoupe

Quand arrivent les soucoupes

C’est la chanson

Des martiens

La chanson qui nous rend

Plus humains

Avant c’était l’angoisse

Tout sentait la menace

Pour ne pas voir en face

On se voilait la face

Maintenant que ceux de l’espace

Viennent voir ce qui se passe

Pour oublier nos races

Devenons moins voraces

On se coupe en quatre pour le scoop

Quand arrivent les soucoupes

Les scouts rassemblent leurs troupes

Quand arrivent les soucoupes

Mange pas tant

Assurément

Si manger est agréable

Si manger est très plaisant

Il ne faudrait pas manger tout le temps

Certains enfants

Qui d’un appétit minable

Qui d’un appétit manquant

Causent du chagrin à leurs parents

Mais ce gourmand

A l’estomac insatiable

A l’estomac de géant

Du soir au matin mangeait tellement

Qu’on disait

Mange pas tant

Sois moins gourmand

Si tu continues comme ça

Tu deviendras gros et gras

Mange pas tant

Sois moins gourmand

Si tu ne t’arrêtes pas

La grosse bête noire te mangera

Et c’était vrai

Qu’il y avait bien qu’incroyable

Qu’il y avait bien en ce temps

Une bête noire aux yeux méchants

Qui ne croquait

Que les enfants punissables

Que les désobéissants

D’un coup de mouchoir à belles dents

Chacun savait

Que l’animal effroyable

Que l’animal effrayant

Viendrait tôt ou tard pour le gourmand

On disait

Mange pas tant…

Rien n’y faisait

Ni les menaces des fables

Ni les avertissements

L’imprudent moutard mangeait toujours autant

Un soir d’été

Sans un sentiment coupable

Sans éveiller ses parents

Il vida l’armoire complètement

Pris sur le fait

Coiffeur

Nicolas est coiffeur

Il est la terreur des cheveux qui poussent

Il a en horreur les shampoings qui moussent

Pauvre Nicolas, pauvre Nicolas, pauvre Nicolas

Tailler les barbiches

Il trouve ça barbant

Raser les moustaches

Il trouve ça rasant

Démêler les cheveux

Sans jamais s’en mêler

Boucler les cheveux

Mais toujours la boucler

Quoi faire quand on est coiffeur quoi faire

Quoi faire pour ce malheureux coiffeur

Nicolas est jaloux

Ça le met à bout les gens qui se plaignent

Il en vient à bout mais à coup de peigne

Pauvre Nicolas, pauvre Nicolas, pauvre Nicolas

Il aimerait plaire

Sans être aussi gêné

Nager dans la mer

Sans eau oxygénée

Parfois il divague

Il rêve de surfing

Sur des mini vagues

Oublier les brushings

Quoi faire quand on est coiffeur quoi faire

Quoi faire pour ce malheureux coiffeur

Nicolas est gêné

Il garde un secret caché coupe que coupe

Il est si discret qu’aucun ne s’en doute

Pauvre Nicolas, pauvre Nicolas, pauvre Nicolas

Quand il voit passer

De belles chevelures

Ça lui fait l’effet

D’une énorme blessure

Il ferait n’importe quoi

Pour que quelqu’un le sauve

Pour qu’on ne sache pas

Que Nicolas est chauve

Quoi faire quand on est coiffeur quoi faire

Quoi faire pour ce malheureux coiffeur

Petite dame assise par terre

Dans son petit sac

Ses petites affaires

Posées dans les flaques

Sans aucune manière

Petite dame assise par terre

A la même place

Des journées entières

Elle reste de glace

Dans le froid de l’hiver

Petite dame assise par terre

Et moi je passe

Les yeux en l’air

Je sens la gêne

Qui me serre

Puis ça me passe

Sans rien faire

C’est une gêne passagère

Devant une tasse

Elle attend, elle espère

Que des passants crachent

Quelques francs de misère

Petite dame assise par terre

Si rien ne se passe

Si l’on ne veut rien faire

Elle tiendra la tasse

Encore combien d’hiver

Petite dame assise par terre

Et moi je passe

Les yeux en l’air

Je sens la gêne

Qui me serre

Puis ça me passe

Sans rien faire

C’est une gêne passagère

Un garçon si gentil

Il est gentil

Tous les gens lui sourient

Il est poli

Il dit toujours merci

Très gentil, très poli

Il est savant

Il n’dit pas d’idioties

Il est charmant

Et tout lui réussit

Très savant, très charmant

Mais c’est étrange

Il n’a aucun ami

Quel dommage

Un garçon si gentil

Il est sérieux

Jamais on ne le punit

Il est soigneux

Il n’use pas ses habits

Très sérieux, très soigneux

Il est discret

Il ne fait aucun bruit

Il est propret

Jamais de pipi au lit

Très discret, très propret

Mais c’est étrange

Il n’a aucun ami

Ses yeux d’ange

Ressemblent à des fusils

Il est comme ça

Il n’est jamais comme ci

Il est extra

Il est exquis à ski

Très comme ça, très extra

Il est honnête

Il ne vole que de nuit

Il est très chouette

Et il croit qu’on l’envie

Très honnête, très très chouette

Mais c’est étrange

Il n’a aucun ami

Quel dommage

Un garçon si gentil

Mais c’est étrange

Il n’a aucun ami

Ses yeux d’ange

Ressemblent à des fusils

Les fessées

La fessée est un vieux vice

Qui ne sert plus aujourd’hui

Que de moyen dissuasif

Pour faire peur aux petits.

Ce modèle éducatif

Est dépassé aujourd’hui

Même si vos nerfs sont à vifs

Faites preuve de courtoisie

Les parents sont tracassés

Une par an ce n’est pas assez

Les parents sont très déçus

Plus de tapes sur le c…

Les fessées ne sont plus à la mode

Les enfants sont sages

Dès leur plus jeune âge

Les fessées ne sont plus à la mode

Les parents le savent

Ça les met en rage

C’est mauvais pour l’épiderme

L’esthéticien la proscrit

Pour un postérieur plus ferme

Voyez ce que le médecin prescrit

S’il est vrai que d’être ferme

Ça permet d’être obéi

C’est dangereux à long terme

Les psychologues l’ont dit

Les parents sont tracassés

Une par an ce n’est pas assez

Les parents sont très déçus

Plus de tapes sur le c…

Les fessées ne sont plus à la mode

Les enfants sont sages

Dès leur plus jeune âge

Les fessées ne sont plus à la mode

Les parents le savent

Ça les met en rage

Si vous êtes encore tenté

Par un derrière rebondi

Si vos rêves sont hantés

Par des fessées chaque nuit

Gardez vous de le raconter

Même à vos plus chers amis

Car à présent la fessée

Est un délit qu’on punit

Les parents sont tracassés

Une par an ce n’est pas assez

Les parents sont très déçus

Plus de tapes sur le c…

Les fessées ne sont plus à la mode

Les enfants sont sages

Dès leur plus jeune âge

Les fessées ne sont plus à la mode

Les parents le savent

Ça les met en rage

C'est pour ça

Elle a les cheveux verts

Elle a du poil aux genoux

Elle a les dents de travers

Et un nez à deux trous

Elle a l’haleine de verre

Elle sent bon les égouts

Elle a un cœur de pierre

Et un cerveau tout mou

C’est pour ça que je l’aime

C’est pour ça que j’en suis fou

Elle aime le goût du rat

Elle s’en fait du ragoût

Elle mange des plumes de chat

Et des poils de hibou

Elle se mouche dans les draps

Elle dort toujours debout

Elle se lave parfois

Et prend des bains de boue

C’est pour ça que je l’aime

C’est pour ça que j’en suis fou

Elle fait dans la dentelle

Elle a vraiment du goût

Elle aime être la poubelle

Et elle rate pas son coup

Elle sait qu’on ne voit qu’elle

Elle me rend très jaloux

Elle est belle, elle est belle

Et en plus elle est belle

C’est pour ça que je l’aime

C’est pour ça que j’en suis fou

Le fauteuil

C’est la nuit

Et je vois le fauteuil

J’ai envie

De ses bras qui m’accueillent

C’est un peu un vieil ami

Quand je le vois, je souris

Car vieillir

C’est devenir

Un souvenir

Qui fait venir les sourires

La lumière

Ne vient plus sur son dos

La poussière

L’a couvert d’un manteau

Le temps a ridé sa peau

Comme ton visage si beau

Car vieillir

C’est devenir

Un souvenir

Qui fait venir les sourires

Le silence

Dit combien tu me manques

Quand j’y pense

Ce fauteuil te ressemble

Ses coussins reposent mes jambes

Comme tes genoux qui tremblent

Car vieillir

C’est devenir

Un souvenir

Qui fait venir les sourires

C’est le jour

Je quitte le fauteuil

Et je cours

Dans les rues qui m’accueillent

Mais lorsque viendra mon tour

Je me souviendrai toujours

Que vieillir

C’est devenir

Un souvenir

Qui fait sourire puis mourir

Dans la lune

Laissez la voix

Qui chante à vos oreilles

Guider vos pas

Jusqu’à l’heure du réveil

Sentez le poids

Des jours comme une enclume

Laissez tout là

Et venez dans la lune

Prenez vos joies

Ne partez pas sans elles

Grimpez vers moi

Mais de vos propres ailes

Volez tout droit

Sans y laisser de plumes

Serrez mes doigts

Vous serez dans la lune

Voyez, voyez

On est déjà si loin

Voyez, voyez

Tout nous paraît si bien

Voyez, voyez

On est déjà si haut

Voyez, voyez

Tout nous paraît plus beau

C’est tout ce que je sais faire

Je suis un homme de plume

J’écris des choses légères

Pour vous porter dans la lune

Fermez les yeux

Soyez plus tête en l’air

Vous verrez mieux

En baissant les paupières

Sentez le feu

De vos rêves qui fument

Soufflez un peu

Vous êtes dans la lune

Souriez, souriez

On ne vous verra point

Pleurez, pleurez

Si ça vous fait du bien

Brillez, brillez

Chantez avec brio

Rêvez, rêvez

Ça n’est jamais de trop

Je suis le marchand de sable

Venez me voir sur la dune

Je fais du vent ou des vagues

Pour vous porter dans la lune

La liberté

Qu’on ne pourra nous prendre

C’est de rêver

Sans qu’on puisse l’entendre

La liberté

Contre toute fortune

C’est de garder

La tête dans la lune