Le Secret des Brumes

Drôle de matin

Cinq heure un quart le jour se lève

Brouillard lourd que rien ne soulève

Sur les visages glisse la nuit

Tout le village est endormi

Et sur la place d’Aube l’Épine

Le clocher sonne les Matines

Drôles de matins

Drôles de matins, matins

Pour Kyrielle, le songe s’achève

Le réveil éponge ses rêves

Méandre couché dans son lit

Au même instant se lève aussi

Et sur la place d’Aube l’Épine

S’éveillent voisin et voisine

Drôles de voisins…

Tous deux à chaque jour qui passe

Font leur travail avec courage

Elle refait les lits sans relâches

Au petit hôtel du village

Tandis qu’il s’atèle à sa tâche

Malgré les brumes et les nuages

Perché en haut de ses échasses

Il traverse les marécages

Les journées, les nuits sont trop brèves

Pour ceux qui travaillent sans trêve

Les jeunes gens qui vivent ici

Rêvent souvent d’une autre vie

Et sur la place d’Aube l’Épine

Tandis que le soleil décline

Garçon et fille ont triste mine

Demain recommence la routine

Drôles de destins…

La complainte de Méandre

Chaque nuit je regarde vers le ciel

Je prie pour toi Kyrielle

Qui vit dans ton hôtel

Chaque nuit je regarde ta fenêtre

J’espère de tout mon être

Qu’enfin tu vas paraître

Je te dirai

Kyrielle

Souviens-toi des printemps

Kyrielle

Nous étions des enfants

Rappelle-toi Kyrielle

On s’aimait tendrement

Souviens-toi Kyrielle

M’aimes-tu à présent

Chaque nuit je t’épouse du regard

À l’abri du brouillard

J’ose dire mes espoirs

Une nuit je trouverai le courage

De faire sans ambages

Demande en mariage

Je te dirai

Kyrielle

Souviens-toi des printemps

Kyrielle

Nous étions des enfants

Rappelle-toi Kyrielle

On s’aimait tendrement

Souviens-toi Kyrielle

M’aimes-tu à présent

Comme avant

Chaque nuit je reprends le cours du temps

J’ai beau chercher pourtant

Jamais je ne comprends

Chaque nuit je me ronge de tourments

Je sens que nos parents

S’en veulent apparemment

Que cache leur différend

Pourquoi sont-il distants

Je t’aime tant

Pendant ce temps

Pendant ce temps dans sa chambre

Kyrielle pense à ses rancoeurs

Que tous les diables aillent voir ailleurs

Elle se languit tellement d’attendre

Qu’on peut entendre battre son coeur

Pendant ce temps dans sa chambre

Kyrielle pense à son aimé

Que tous les diables soient damnés

Certaines nuits même il lui semble

Qu’elle pourrait lire dans ses pensées

Pendant ce temps dans sa chambre

Kyrielle pense à son ami

Que tous les diables soient maudits

Elle ne parvient pas à comprendre

Pourquoi ses parents refusent d’entendre parler de lui

Qui est ce garçon ?

Quel est ce bruit dans la rue

Mon sommeil une fois de plus

S’est enfui

Un voyageur inconnu

Apparemment s’est perdu

Dans la nuit

Que vient-il chercher par ici

Mais qui est ce garçon

Je ne sais pas

Mais qui est ce garçon

Je n’en sais rien

Quel étrange personnage

Son entrée dans le village

A surpris

On devine à son visage

Qu’il n’a pas fait son voyage

Sans souci

Que vient-il chercher par ici

Mais qui est ce garçon

Je ne sais pas

Mais qui est ce garçon

Je n’en sais rien

Il a vraiment drôle d’allure

Il a l’air plutôt bizarre

Il est mal-en-point c’est sûr

Mais il est plaisant à voir

Mais qui est ce garçon

Je ne sais pas

Mais qui est ce garçon

Je n’en sais rien

Une lettre un couteau

L’étranger faisait voyage

Sans un sou sans port d’attache

Mais dans la poche de son manteau

Une lettre un couteau

À son bras mauvais présage

Une blessure un bandage

Et dans la poche de son manteau

Une lettre un couteau

La lettre parle à un enfant

Les mots de sa mère assurément

Je suis loin mais courage mon grand

Je reviendrai dans peu de temps

La lettre parle d’un pays

Que la mère cherche sans répit

Là-bas nous vivrons sans souci

Loin de nos ennemis maudits

Il n’avait pour tout bagage

Que la peine sur son visage

Et dans la poche de son manteau

Une lettre un couteau

La lettre parle d’une petite fille

Que sa mère aurait eu dans la nuit

Bientôt nous serons réunis

Ta petite sœur t’aimera aussi

La lettre parle d’un village

Situé au bord des marécages

Sois sûr, je viendrai te chercher

Quand j’aurai fait la Traversée

Il n’avait pour tout bagage

Que la peine sur son visage

Et dans la poche de son manteau

Une lettre un couteau

Un homme hors normes

Je suis issu d’une famille

Assassinée par infamie

Le tout dernier d’une lignée

Que des gens voudraient effacer

J’étais encore petit garçon

Lorsqu’on m’a jeté en prison

De mes parents, j’ai hérité

Le don de lire dans les pensée

Je suis

Un homme hors norme

Je peux lire dans le cœur des hommes

Lire dans les songes de ceux qui dorment

Ca leur fait peur

Un homme hors norme

Le même corps la même forme

On me distingue des autres hommes

Au bruit du coeur

Je fuis au péril de ma vie

En cherchant ma seule famille

Je remonte le cours du passé

Mais où est ma mère, je ne sais

A-t-elle trouvé un horizon

Ce coin de paix dont nous rêvions

Ou bien a-t-elle succombé

Condamnée depuis tant d’années

Je suis

Un homme hors norme

Je peux lire dans le cœur des hommes

Lire dans les songes de ceux qui dorment

Ca leur fait peur

Un homme hors norme

Le même corps la même forme

On me distingue des autres hommes

Au bruit du cœur

Aura-t-elle pu sauver

Du destin si cruel

Le bébé qui est né

Lorsque j’étais loin d’elle

Aura-t-elle pu trouver

Ce pays au grand ciel

J’aurais vraiment aimé

Qu’elle m’emmène avec elle

C'est ainsi

Ils étaient garçon et fille

Le cœur battant plein de vie

C’est ainsi

Ils devinrent des amis

Qui donc en serait surpris

C’est ainsi

Et puis si l’un des deux avait mal

Sans qu’il dise rien

L’autre le sentait aussi

Et puis si tous les deux, c’est normal

S’aimaient plus que bien

Jamais ils ne l’auraient dit

C’est ainsi

Ils étaient faits pour s’entendre

Sans parler s’étaient compris

C’est ainsi

Ils passaient le jour ensemble

Et rêvaient la même nuit

C’est ainsi

Et puis si l’un des deux avait mal

Sans qu’il dise rien

L’autre le sentait aussi

Et puis si tous les deux, c’est normal

S’aimaient plus que bien

Jamais ils ne l’auraient dit

C’est ainsi

Dans les marais pendant ce temps

Méandre sentait confusément

Peser sur son cœur lourdement

Comme un mauvais pressentiment

Parfois on ne peut comprendre

Ce que l’amour accomplit

C’est ainsi

Kyrielle n’aimait que Méandre

Amarre était son ami

C’est ainsi

Et puis si l’un des deux avait mal

Sans qu’il dise rien

L’autre le sentait aussi

Et puis si tous les deux, c’est normal

S’aimaient plus que bien

Ils n’étaient que des amis C’est ainsi

Les Sbires

Une rumeur se fond

Dans les brumes et la bruine

Éveillant les soupçons

Des gens d’Aube l’Épine

Une rumeur de crime

Et de malédiction

Dans le village anime

Les conversations

Jalousie

Quelle est cette lueur là-haut qui luit

Dans la chambre à coucher de mon amie

J’en ai les yeux qui brillent

Jalousie

J’en ai le coeur meurtri

Jalousie

Que vient faire ce garçon tard la nuit

Kyrielle semble apprécier sa compagnie

J’en ai les yeux qui brillent

Jalousie

J’en ai le coeur meurtri

Jalousie

Je me vengerais bien contre celui

Qui veut ravir le cœur de ma jolie

J’en ai les yeux qui brillent

Jalousie

J’en ai le coeur meurtri

Jalousie

On dit que l’étranger est poursuivi

J’irai voir ceux qui en veulent à sa vie

Leur dire qu’il est ici

Jalousie

Et s’il meurt c’est tant pis

Jalousie

Je ne suis pas jaloux

Mais je l’aime c’est tout

Le Pays Par-delà

Deux garçons

Pris par la haine et le chagrin

Deux gamins

Que rien n’opposait dans le fond

Deux garçons

Cherchent à se jouer du destin

Deux chemins

L’un fuit et l’autre tourne en rond

Lequel choisir

Tout abandonner et partir

Ou bien se dire

Mieux vaut rester quitte à mourir

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

Deux garçons

Qui s’affrontaient l’instant d’avant

Deux jeunes gens

Vont s’unir et fuir pour de bon

Deux garçons

Déchiré par leurs sentiments

Deux tourments

Suivre son cœur ou sa raison

Lequel choisir

Tout abandonner et partir

Ou bien se dire

Mieux vaut rester quitte à mourir

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

Méandre est très malheureux

D’avoir trahi l’Étranger

Il tient à se racheter

Pour trouver grâce à ses yeux

Il décide de l’aider

À quitter Aube l’Épine

Même si au fond il devine

Qu’il n’y reviendra jamais

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

Partons au Pays Par-delà

Ce pays dont on ne revient pas

La belle dame brune

Tiens

Il me vient en mémoire

La mystérieuse histoire

De cette dame noire

Perdue dans le brouillard

À marcher sous la lune

Je pense à l’infortune

De cette dame brune

Égarée dans les brumes

Ça s’est passé il y a longtemps

Quand mon père était encore Traversant

J’étais alors un jeune enfant

Mais je m’en souviens toujours bien pourtant

Tiens

Il me vient en mémoire

Elle est venue au soir tombant

Le regard las et les cheveux au vent

Elle a dit d’un ton suppliant

Partons d’ici guidez-moi maintenant

Tiens

À marcher sous la lune

Elle portait en le serrant

Un nouveau-né entre ses bras tremblants

Mon père a pris dans son caban

L’enfant pour la soulager un instant

Soudain un cri mais rien de plus

Et la belle dame avait disparu

En rentrant à Aube l’Épine

Mon père portait dans ses bras la petite orpheline

Le secret des brumes

Écoute-moi petite fille

Moi ton voisin porte-malheur

Que tous les diables aillent voir ailleurs

Il est temps que je te confie

La vérité loin des menteurs

Écoute-moi bel enfant

Moi le père de ton aimé

Que tous les diables soient damnés

C’est moi qui étais Traversant

Lorsque ta mère s’est égarée

Écoute-moi si tu peux

Moi qui t’ai fait adoptée

Que tous les diables brûlent au feu

Ta vraie famille est parmi ceux

Qui savent lire dans les pensées

Écoute-moi Kyrielle

Moi le père de ton ami

Que tous les diables soient maudits

Quand j’ai voulu qu’ils te le révèlent

Tes parents m’ont chassé de l’hôtel comme un ennemi

Enfin la vérité

Comme un flambeau s’allume

Pour toi l’enfant caché

Dans le secret des brumes

Va-t'en

Va-t’en Kyrielle

Les Sbires arrivent

Si tu ne veux pas t’enfuir

C’est le bruit de ton cœur qui va te trahir

Elle a les mains qui tremblent

Et puis le cœur qui flanche

Elle entend dans sa tête

Une voix qui s’entête

Des mots qui se mélangent

Et qui crient l’urgence

Des mots qui l’encouragent

Fuis vers les marécages

Ils courent à toutes jambes

Amarre suit Méandre

Ils ont fait demi-tour

Pour lui porter secours

L’un envoie des messages

L’autre contient sa rage

L’un veut sauver sa sœur

L’autre son bel amour

Elle tombe et se blesse

Dans les eaux qui empestent

Elle pense sans cesse

Aux chances qu’il lui reste

La brume est si épaisse

Qu’elle n’y voit rien ou presque

Lorsque soudain se dressent

Deux ombres gigantesques

Une nouvelle vie commence

Une nouvelle vie commence

Et notre espoir est immense

Il faut souvent user des forces et de la peine

C’est un serment

C’est ma promesse

Vienne le temps

De la tendresse

C’est bien fini les ombres et les mystères

Une nouvelle vie commence

Une histoire de romance

Il faut parfois savoir se défaire de ses chaînes

Pour pouvoir suivre ceux qu’on aime

Il faut savoir se défaire de ses chaînes

C’est un serment

C’est ma promesse

Vienne le temps

De la tendresse

C’est bien fini les ombres et les mystères

Une nouvelle vie commence

Où chacun aura sa chance

Il faut toujours se dire qu’on aura de la veine

Pour vivre les rêves qui nous mènent

Il faut se dire qu’on aura de la veine

C’est un serment

C’est ma promesse

Vienne le temps

De la tendresse

C’est bien fini les ombres et les mystères

On va vivre dans la lumière